Tribune: À propos de la délimitation de la frontière orientale de la RDC
La délimitation de la frontière orientale de la RDC a été définie à la suite des accords entre les autorités léopoldiennes de l’EIC (1885-1908) et celles de la Belgique (1908-1960) avec l’Allemagne, entre 1884 et 1920.
Le sort des îles du lac Kivu comme du reste, celui de toute la frontière orientale, a été réglé pour la première fois par la convention du 8 novembre 1884 (reconnaissant en son article 6, les frontières de l’État Indépendant du Congo).
L’Allemagne reconnaissait ainsi, le pavillon de l’AIC (Association Internationale du Congo) et apportait sa compréhension dans la délimitation des possessions belges et allemandes ensuite, avec la Déclaration de neutralité du 1er août 1885 (fixant, sur la base des traités successivement conclus par l’Association Internationale avec l’Allemagne, la France et le Portugal, les limites de l’État Indépendant du Congo) et la Déclaration de Bruxelles du 18 décembre 1894 (relative à l’application du régime de neutralité, fixant sur base de nouveaux traités, les frontières de l’État Indépendant).
Mais il faut reconnaître que c’est la Convention de Bruxelles du 11 août 1910 approuvée par la loi belge du 4 juin 1911 (approuvant le Protocole de Bruxelles du 14 mai 1910 signé par les gouvernements belge, allemand et britannique au sujet des frontières allant du Lac Tanganyika au Lac Kivu) qui apporta tous les détails sur la définition de cette frontière qui va suivre hélas, les humeurs des autorités belges engagées dans l’élaboration de la politique indigène qui donnait les grandes lignes des règles de l’administration de leur colonie (le Congo) et des territoires sous-tutelle d’abord et ensuite sous-mandat (le Ruanda-Urundi) entre 1920 et 1962 (lire le BO 1911, p.683).
Il y a eu beaucoup de gymnastique diplomatique et surtout du génie dans la prise des décisions ayant abouti au tracé de la frontière orientale.
Entre le Burundi, le Sud du Rwanda et le Congo, il n’y avait pas beaucoup de problèmes même si à certains endroits, il fallait passer outre les pouvoirs des Bami sur des terres relevant de leur autorité et qui devait passer sous l’administration d’un autre État.
En effet, le lac Kivu, la rivière Ruzizi et le lac Tanganika, constituaient des frontières naturelles permettant de résoudre la problématique du tracé réel des limites des possessions coloniales.
C’est ici où s’est jouée la question de la cession des territoires au Rwanda et même au Congo. Quelques îlots du lac Kivu et certains territoires sous administration des Bami du Congo (N’nabushi et N’nabuhavu) dans le Kinyaga rwandais en Préfecture de Cyangugu par exemple, ont été cédés au Rwanda afin de récupérer des terres plus au Nord permettant de définir le tracé des limites avec le Nord Rwanda et le Sud de l’Ouganda.
La récupération des terres du Karisimbi (Goma), du Bwito et du Bwisha où des populations autochtones Bakumu, Bahutu et Bahunde pliaient sous les menaces des incursions punitives des Tutsi assis politiquement, dans le Nord du Rwanda, aura permis de cimenter la présence belge dans cette partie du Kivu où les chefs autochtones locaux étaient reconnus et médaillés nonobstant le fait que dans le territoire de Rutshuru, l’on a procédé à l’imposition du chef Ndeze soutenu alors, par l’église catholique pour mettre fin à la résistance des Bami-Bahinza du Bwisha notamment, le Muhinza BAHIZI.
Plus au Nord et dans l’Ouest ouvrant le Congo à l’océan Atlantique, tout a été réglé dans la Déclaration de neutralité notifiée le 1er août 1885 aux puissances signataires de l’Acte général de Berlin et même, dans la Déclaration complémentaire du 18 décembre 1894.
Des mesures de cession et des promesses d’une coopération plus saine, auront permis de jongler avec l’Angleterre dans la gestion de la question du Soudan anglo-égyptien à travers l’évacuation-cession de l’enclave de LADO et du Bahr el-Ghazal en application des prescrits de la convention du 9 mai 1906 (entre l’État Indépendant du Congo et la Grande-Bretagne pour l’accès au Nil).
La cession du Kwilu-Niari aux Français et toute la politique de préférence sur le territoire congolais et celle de préemption accordées à la France, auront contribué sérieusement à isoler le Portugal et à consolider la présence de l’EIC sur la région côtière de Banana-Moanda-Kitona-Tshela.
Lire à ce sujet :
1. JENTGEN, P. Les frontières du Congo belge, Bruxelles, IRCB, 1961, pp. 22- 86
2. Van REYBROUCK, D. Congo: Une histoire, Amsterdam, 2010, 47- 249
3. MUGARUKA B.M. Histoire clanique et évolution des États dans la région Sud-Ouest du lac Kivu ( Des origines à 1900 ), Thèse de doctorat en Histoire, Université de Lubumbashi, Faculté des Lettres, 1986, ( 2 tomes ), pp. 575-590
4. NDAYWEL è Nz. I. Histoire générale du Congo. De l’héritage ancien à la République Démocratique, Paris, Duculot, 1998, pp. 312-316.
Autre source :
N.B.:
La cession négociée de certains territoires de la RDC sous la 2ème République notamment dans la botte de Sakania au Katanga en faveur de la Zambie (territoire donnant au Congo, l’accès au lac Banguelo) ou le déplacement de la frontière de Gatumba en faveur du Burundi, n’ont été que des effets relevant des humeurs du Maréchal Mobutu qui voulait plaire à ses paires de la Sous-région (Kenneth KAUNDA et Michel MICHOMBERO) qu’il tenait à attirer dans ses nasses. Ces gestes souvent non couverts d’accords issus des négociations entre les gouvernements des pays concernés, n’ont rien à voir avec les textes couvrant la délimitation des frontières issues de la colonisation du reste, inviolables et opposables à tous.
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