Les Sécessions Katangaise et du Sud-Kasai
Le 30 juin 1960 l’indépendance du Congo belge est proclamée en tant que République du Congo, Joseph Kasa-Vubu, Président et Lumumba, Premier ministre.
Dans l’armée du nouvel État indépendant, les belges gardent le pouvoir. La radio accuse alors les anciens colons de complot contre le nouvel État, ce qui provoque la colère des soldats congolais qui se mettent à faire des représailles sur les sujets belges résidants au Congo. La Belgique menace alors d’intervenir militairement.
C’est alors que le 11 juillet 1960, les dignitaires du Katanga, sous la direction de Kapenda Tshombé Moïse et à l’instigation de quelques colons belges, proclament l’indépendance de l’État du Katanga, en état de sécession depuis juin. Les autorités du Katanga créent alors leur propre monnaie et leur propre police. L’ONU propose sa médiation et Lumumba sollicite la venue des casques bleus.
Le 8 aout 1960, ce fut la sécession du Sud-Kasaï, qui avait déjà proclamé son indépendance le 14 juin 1960 (l’indépendance de l’État fédéral du Sud) avant l’indépendance du reste du Congo. L’autonomie de l’État minier fut proclamée avec pour capitale Bakwanga (aujourd’hui Mbuji-Mayi). Albert Kalonji fut nommé président et Joseph Ngalula chef du gouvernement.
Ainsi, le gouvernement central perd ses deux provinces minières. L’ONU ordonne à la Belgique de retirer ses troupes, mais, après plusieurs résolutions contradictoires, rejette l’option militaire et qualifie le conflit au Katanga de « conflit intérieur ». Le 12 aout, la Belgique signe un accord avec Tshombé, reconnaissant de facto l’indépendance du Katanga. Alors que Lumumba décide de réagir en envoyant des troupes reprendre la région, l’ONU revient sur sa position initiale et impose militairement un cessez-le-feu, empêchant l’entrée des troupes congolaises. Dans un télégramme en date du 26 aout, le directeur de la CIA Allen Dulles indique à ses agents à Léopoldville au sujet de Lumumba : « Nous avons décidé que son éloignement est notre objectif le plus important et que, dans les circonstances actuelles, il mérite grande priorité dans notre action secrète ».
Le 2 septembre 1960, le Premier ministre Lumumba appelle alors l’Union soviétique à l’aide. Entre les 5 et 14 spetembre 1960, suite à la lutte de pouvoir entre Joseph Kasa-Vubu et Lumumba. Les soldats congolais n’étant pas représentés dans le gouvernement, commettent alors un coup d’état, et renversent le Premier ministre.
Au sein de l’armée, devenue alors complètement africaine, le général Mobutu Sese Seko prend les rênes et installe un gouvernement de commissaires. Mobutu est bientôt soutenu par les États-Unis, qui voient d’un mauvais œil le socialisme de Lumumba. Les médias occidentaux pointent en effet Lumumba du doigt et saluent la sécession katangaise comme seul rempart de la liberté individuelle contre l’étatisme.
Le 17 janvier 1961, Lumumba est assassiné, il avait été déporté au Katanga par Mobutu. En 1962, le gouvernement central s’attèle à reconquérir les provinces sécessionnistes. Une fois Lumumba éliminé, la reprise du Katanga (renommé en 1971 Province du Shaba) et du Sud-Kasaï marqueront le début de l’ascension du général Mobutu Sese Seko. Les troupes de l’ONU, au départ immobiles, passeront soudainement à l’offensive avec les troupes de Mobutu pour reconquérir les deux provinces rebelles. En janvier 1963 prend fin la sécession katangaise.
Les leaders sécessionnistes:
Tshombe (1919-1969) fonda en 1957 la “Confédération des associations tribales du Katanga” (Conakat).
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En mai 1960, il est élu député provincial pour Elisabethville (Lubumbashi). Le 17 juin 1960, il devint président du gouvernement provincial du Katanga. Il fit sécession en séparant la province le 11 juillet 1960. À la fin de la sécession, il devint néanmoins Premier ministre du Congo le 10 juillet 1964. Mais il fut déposé le 13 octobre 1965 par le président Joseph Kasa-Vubu. Après le coup d’État de Mobutu, il se réfugia en Europe. Le 28 septembre 1966, il fut accusé de haute trahison et le 13 mars 1967, il fut condamné à mort par contumace.
Au cours d’un voyage en avion, il fut arrêté en Algérie. Il fut emprisonné le 30 juin 1967 et mourut en prison deux ans plus tard.
Albert Kalonji (1929-2015) est né le 6 juin 1929 à Hemptinne Saint-Benoît (actuellement Bunkondo) près de l’actuelle Kananga.
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Il est diplômé assistant agronome en 1948. En 1951, il est engagé à la colonie en qualité d’assistant agricole. Il devient expert-comptable auprès du tribunal de Luluabourg.
En 1957, il siège au Conseil provincial du Kasaï.
Il est invité à Bruxelles pour l’Exposition universelle de 1958. La même année, il adhère au Mouvement national congolais.
En 1959, il ouvre au Kasaï un cabinet fiscal. Il devient membre du Conseil de législation. Condamné en août 1959 pour « incitation à la haine raciale » (conflit Lulua–Baluba), il est envoyé en relégation à Kole, pour être ensuite libéré.
Toujours cette année, il est élu président du MNC-Kalonji.
Il participe, en 1960, à la Table ronde belgo-congolaise. Élu député national en juin, il est pressenti comme ministre avant d’être écarté par Patrice Lumumba. En août, il devient président de l’État autonome du Sud-Kasaï.
Proclamé « roi du Sud-Kasaï » (sous le nom d’Albert Ier) en 1961, il dissout le gouvernement et opte pour le titre de mulopwe = empereur du « Royaume fédéré du Sud-Kasaï ».
En septembre 1962, Albert Kalonji est renversé lors d’un coup d’État militaire (instigué par son premier ministre, Joseph Ngalula). Il s’exile alors 18 mois en Espagne.
Il est ministre de 1964 à 1965 sous Moïse Tshombe. Il quitte le gouvernement peu avant le coup d’État de Mobutu.
En 1980, il intègre le parti unique de Mobutu (le Mouvement populaire de la Révolution).
En 2008, les Baluba du Kasaï lui rendent hommage pour ses 80 ans.
Albert Kalonji meurt le 20 avril 2015 à Mbuji-Mayi, à l’âge de 85 ans. Il est enterré dans le village de Katende (Territoire de Miabi).
@Source Image de couverture de l’article: Royal Museum for Central Africa
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