Héros africains et figures historiques (1 ère Partie)
1. Nelson Rolihlahla Mandela, dont le nom du clan tribal est « Madiba », né le 18 juillet 1918 à Mvezo (Union d’Afrique du Sud) est un homme politique sud-africain; il a été l’un des dirigeants historiques de la lutte contre le système politique d’apartheid avant de devenir président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999, à la suite des premières élections nationales non raciales de l’histoire du pays.
Nelson Mandela entre au Congrès national africain (ANC) en 1994, afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale menée par celle-ci. Devenu avocat, il participe à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid, mises en place par le gouvernement du Parti national à partir de 1948. L’ANC est interdit en 1960, et la lutte pacifique ne donnant pas de résultats tangibles, Mandela fonde et dirige la branche militaire de l’ANC, Umkhonto we Sizwe, en 1961, qui mène une campagne de sabotage contre des installations publiques et militaires. Le 12 juillet 1963, il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA, il est condamné lors du procès de Rivonia à la prison et aux travaux forcés à perpétuité. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l’égalité raciale et bénéficie d’un soutien international croissant.
Après vingt-sept années d’emprisonnement dans des conditions souvent très dures, Mandela est relâché le 11 février 1990, et soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk. En 1993, il reçoit avec ce dernier le prix Nobel de la paix pour avoir conjointement et pacifiquement mis fin au régime d’apartheid et jeté les bases d’une nouvelle Afrique du Sud démocratique.
Après une transition difficile où de Klerk et lui évitent une guerre civile entre les partisans de l’apartheid, ceux de l’ANC et ceux de l’Inkhata à dominante zoulou, Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud en 1994. Il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs ; il lutte contre les inégalités économiques. Après un unique mandat, il se retire de la vie politique active mais continue à soutenir publiquement le Congrès national africain tout en condamnant ses dérives.
Impliqué par la suite dans plusieurs associations de lutte contre la pauvreté ou le sida, élevé au rang de patrimoine commun de l’humanité, il demeure une personnalité mondialement écoutée au sujet des droits de l’homme et est salué comme le père d’une Afrique du Sud multiraciale et pleinement démocratique, qualifiée de « nation arc-en-ciel ».
2. Ahmed Sékou Touré (9 janvier 1922 – 26 mars 1984) est le premier président de la République de Guinée, en poste de l’indépendance obtenue de la France en 1958, jusqu’en 1984.Sékou Touré est né le 9 janvier 1922 à Faranah en Guinée française. Il est un membre de l’aristocratie de l’ethnie mandingue et l’arrière-petit-fils de Samory Touré (1830-1900), qui avait résisté contre la colonisation française en Afrique de l’Ouest, jusqu’à sa capture en 1898.En 1945 il devient le secrétaire général du syndicat des postiers. Il participe à la fondation du Parti démocratique guinéen, antenne locale du Rassemblement démocratique africain parti agissant pour la décolonisation de l’Afrique. En 1956, il a organisé l’Union générale des Travailleurs d’Afrique Noire, un centre syndical commun pour l’Afrique occidentale française.La métropole française est en pleine discussion sur la décolonisation qui s’annonce et, lors de la visite effectuée par le général de Gaulle à Conakry pour défendre son accord d’union-partenariat entre la France et ses colonies promises à l’indépendance, la foule se met à le huer. Cet incident organisé à l’instigation de Sékou lui vaudra la haine indéfectible de De Gaulle. En 1958, Les Guinéens disent « Non » au référendum sur l’union-partenariat avec la France parrainé par le gouvernement français, et choisissent l’indépendance totale, qu’ils obtiennent le 2 octobre 1958 avec Sékou Touré à la tête du pays. La Guinée a été la seule des colonies africaines de la France à voter pour l’indépendance immédiate plutôt que continuer une association avec la France tandis que le reste de l’Afrique francophone a obtenu son indépendance deux ans plus tard, en 1960. Ayant laissé un goût amer, les Français ont été extrêmement vindicatifs contre la Guinée: retrait soudain des fichiers, destruction des infrastructures, rupture des liens politiques et économiques.Tout au long de son différend avec la France, la Guinée a maintenu de bonnes relations avec plusieurs pays socialistes. Cependant, l’attitude de Sékou Touré envers la France n’a pas été généralement bien accueillie, et certains pays africains ont rompu les relations diplomatiques avec la Guinée. Malgré cela, Touré a gagné le soutien de nombreux groupes et dirigeants anticolonialistes et panafricains.Touré, avec Nkrumah, ont contribué à la formation du Parti Révolutionnaire du Peuple Africain (All-African People’s Revolutionary Party) et aidé les guérilleros du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) dans leur lutte contre le colonialisme portugais en Guinée portugaise.
3. Amílcar Lopes Cabral (12 septembre 1924 – 20 janvier 1973), Abel Djassi de son pseudonyme, est un homme politique de Guinée-Bissau et des Îles du Cap-Vert. Il est fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, PAIGC (Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde), qui amena à l’indépendance ces deux états colonisés par le Portugal.
4. Ruben Um Nyobe, surnommé Mpodol (le sauveur), est un dirigeant camerounais et précurseur des indépendances en Afrique francophone. Il est né en 1913 à Eog Makon et mort assassiné par l’armée française le 13 septembre 1958 en pays Bassas.
Il ne participe pas à la création de l’Union des populations du Cameroun la nuit du 10 avril 1948 dans un café-bar de Douala-Bassa dénommé « Chez Sierra ». Toutefois, malgré son absence cette nuit-là, la majorité des membres fondateurs de l’UPC (qui sont aussi membres du bureau directeur de l’USCC), dont Ruben Um Nyobè, le secrétaire général, suggère qu’il en fut informé. Connu pour sa véhémence, Ruben Um Nyobè est propulsé à la tête du parti au mois de novembre 1948. Il s’y caractérisera par son franc-parler et ses nombreux écrits. Il s’opposera au pouvoir colonial français et réclamera selon ses termes « une indépendance totale et immédiate » suscitant alors une prise de conscience nationale et provoquant la décolonisation qui allait suivre en 1960, après lui. Il se rendra deux fois aux Nations unies grâce aux cotisations de pauvres paysans camerounais afin de plaider la cause du Cameroun.
Il estimait que l’unification, étant un prérequis à l’indépendance, devait se produire bien avant cette dernière. Il déclara ainsi dans son discours devant la 4e Commission de tutelle de l’Assemblée générale de l’ONU au mois de décembre 1952 : « il est question de demander à l’organisation des Nations Unies de trouver de véritables solutions qui permettront aux Camerounais d’accéder à leur indépendance dans un avenir raisonnable, c’est- à-dire le plus proche possible. Et nous sommes modérés dans notre action. Nous ne demandons pas d’indépendance immédiate. Nous demandons l’unification immédiate de notre pays et la fixation d’un délai pour l’indépendance. »
C’est ainsi qu’il proposa également à l’ONU « (…) un programme-école, c’est-à-dire, un programme dont l’exécution permettrait aux Camerounais de recevoir une formation adéquate, pour pouvoir assumer les charges d’État découlant du recouvrement de notre souveraineté ». D’après son allocution, c’était « (…) pour permettre aux citoyens de notre pays d’apprendre, pendant un laps de temps, à diriger, sous l’égide d’un haut-commissaire de l’ONU, le gouvernement de leur pays ». Quant à la durée du programme-école, il proposa une période « (…) de dix ans préparatoires à l’indépendance ».
Um Nyobe est l’une des figures emblématiques de la lutte pour l’indépendance du Cameroun, comme Félix-Roland Moumié et Ernest Ouandié, avec qui il partage la même fin dramatique. Il est officiellement proclamé Héros national par l’assemblée nationale du Cameroun le 27 juin 1991.
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